Trou de Pétole
J'y suis tombé dedans 24 heures après mon départ, pour avoir fait un peu trop confiance à mon logiciel de navigation. Ça arrive, ça m’apprendra.
Je vous ai déjà raconté un peu la pétole, si vous vous en souvenez.
Mais s’il y a une chose bien étonnante quand on tombe dans un trou de pétole, c’est ce sentiment particulier d'être le seul à y être: quand on a du vent on ne se dit jamais que les autres n’en ont pas, mais éventuellement qu’ils en ont un peu plus ou qu’ils le gèrent mieux, mais rien de bien sérieux.
Mais le trou, si grand soit-il et souvent pour l’observateur que je suis cet espace sans vent environ égal à la taille de bateau et quelques mètres, guère plus, n’est bien que pour moi; celui-ci me suit aussi sûrement qu’un chien en laisse et connait d’avance mes intentions: que je veuille loffer, le maigre vent qui était là vient de refuser, tandis que si j'abats vers une veine de vent que je devine, et la voilà qu’elle disparait avalée à jamais par mon trou de pétole.
Car les trous de pétole sont un peu comme les trous noirs cosmiques: ils avalent les vents comme les autres la lumière et empèchent qu’ils ne s’en réchappent. Une fois le bateau tombé dedans, il le suit à la trace comme si ce trou d’air y était aimanté et il est difficile de ne pas devenir rapidement paranoïaque persuadé d’être le seul à y être tombé tandis que tous les autres concurrents ont bien le vent annoncé sur les fichiers.
Le problème encore scientifiquement et psychologiquement non résolu est bien d’en sortir, et pourtant on s’en sort. Peut-être finit-il par s’effondrer en courant d’air.
PS: Il y a quand même un bon côte à la pétole, c’est qu’on voit bien les tortues quand elles nagent surface, et plus souvent encore les baleines, les flaques d’eau plates et lisses comme un miroir qu’elles laissent derrière quand elles sondent. On y voit de loin leurs souffles, leurs masses grises qui se courbent et qu'il serait sinon impossible de discerner des vagues, de la houle. J’en ai vu ainsi quelques unes pendant la partie pétoleuse de mon périple dans le golfe.
Je vous ai déjà raconté un peu la pétole, si vous vous en souvenez.
Mais s’il y a une chose bien étonnante quand on tombe dans un trou de pétole, c’est ce sentiment particulier d'être le seul à y être: quand on a du vent on ne se dit jamais que les autres n’en ont pas, mais éventuellement qu’ils en ont un peu plus ou qu’ils le gèrent mieux, mais rien de bien sérieux.

Car les trous de pétole sont un peu comme les trous noirs cosmiques: ils avalent les vents comme les autres la lumière et empèchent qu’ils ne s’en réchappent. Une fois le bateau tombé dedans, il le suit à la trace comme si ce trou d’air y était aimanté et il est difficile de ne pas devenir rapidement paranoïaque persuadé d’être le seul à y être tombé tandis que tous les autres concurrents ont bien le vent annoncé sur les fichiers.
Le problème encore scientifiquement et psychologiquement non résolu est bien d’en sortir, et pourtant on s’en sort. Peut-être finit-il par s’effondrer en courant d’air.
PS: Il y a quand même un bon côte à la pétole, c’est qu’on voit bien les tortues quand elles nagent surface, et plus souvent encore les baleines, les flaques d’eau plates et lisses comme un miroir qu’elles laissent derrière quand elles sondent. On y voit de loin leurs souffles, leurs masses grises qui se courbent et qu'il serait sinon impossible de discerner des vagues, de la houle. J’en ai vu ainsi quelques unes pendant la partie pétoleuse de mon périple dans le golfe.