Pétole

Il y a des moments comme cela où il ne se passe rien. Pas un pet de vent, on regarde en l’air et il n'y a aucun nuage, l’eau est plate comme un miroir et c’est bien la seule chance de voir des tortues: pas une ride sur la surface.

Rien.
Pétole n’est même pas dans le dictionnaire, c’est dire l’absence que ça traîne.

C'est vite décourageant, ce mouvement désordonné du bateau, le bruit de linge des voiles qui claquent inutilement, le gréement qui grince, les drisses qui tapent.
Il faut savoir prendre son mal en patience et surtout ne pas céder à la tentation d'aller se coucher en attendant que le vent rentre à nouveau, mais rester en éveil, alerte car ça va revenir de quelque part, de droite ou de gauche; il va se passer quelque chose, c’est sûr, d'abord un petit rien presque insignifiant, un filet d'air quelque part qu'il ne faudra pas rater. C'est dans ces moments-là, ceux de rien ou de pas grand chose, quand on se convaincrait facilement qu'il n'y a rien à faire, ni à gagner ni à perdre, que se creusent les écarts, les distances se prennent.

Voilà, tenir un blog c’est aussi ça, la panne sèche parfois, une zone sans mot, et apprendre à la traverser au plus vite: ça va redonner peu à peu.
Donc j’attends, et pour le coup vous aussi.