Silence
C’est impossible de penser à la mer sans eux, ces morts et ses disparus. Mon premer souvenir marin est le poème de Victor Hugo, “Oceano Nox” que j’ai ânonné comme des milliers d’autres élèves avant moi, en classe de 7ème, dans mon école communale de la rue Madame, au milieu de Paris. J’étais loin de la mer, je ne savais pas ce qu’elle était, mais j’entrevoyais des gouffres. Je me souviens maintenant de ce dessin maladroit dont j’avais illustré le texte ronéotypé collé dans mon cahier de poésie, et qui voulait rendre cette angoisse. Et puis je l’ai oublié jusqu’à ce jour où la P’tite Julie me rappelle que la mer ce n’est pas seulement faire des “surfs à donf”, mais aussi et peut-être surtout, le respect de tous ceux qu’elle a gardés. La peur tout d’un coup. C’est d’abord cela, la mer, ce grand cimetière mouvant sur lequel on navigue.